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C’est avec intérêt que j’ai assisté au Grand Débat de la souveraineté numérique organisé le 14 mai au ministère de l’Économie, des Finances par Acteurs Publics. Cette séquence, (a priori la première d’un cycle que nous allons suivre de près) était principalement focalisée sur l’IA générative dans les services publics. Et c’est tant mieux ! Car, alors que l’IA est au cœur de nombreuses discussions et semble ouvrir le champ de tous les possibles (des plus sombres au plus optimistes), les collectivités locales – dont les dépenses représentent quand même près de 9% de notre PIB – doivent aussi pouvoir se demander en quoi, et comment elles sont concernées (car elles le sont, c’est inévitable) par ce que beaucoup appellent une nouvelle révolution industrielle.
Philippe PRADAL, député des Alpes Maritimes, Co-rapporteur du rapport parlementaire sur les défis de l’IA générative (IAG) (février 2024 ) parle de l’IAG comme d’un « exosquelette intellectuel » qui permet à chacun de démultiplier ses capacités intellectuelles. Et désormais, cet exosquelette est accessible gratuitement, et offre une simplicité d’utilisation qui lui permet même aux personnes les moins à l’aise avec un ordinateur d’interagir avec elles. Pour ne citer que les plus connus : ChatGPT, Copilot, Quillbot, Claude, Gemini, et notre pépite française Mistral… ces derniers proposent tous une version gratuite à laquelle n’importe quel salarié (et donc agent public) peut se connecter. D’ailleurs, les statistiques disponibles montrent que ces outils sont spontanément de plus en plus utilisés et que, celles qu’on appelait aussi des calculatrices littéraires, se développent à une vitesse fulgurante.
Elles peuvent désormais générer du son, des voix, des images … Bref, tout ce que nous sommes capables de produire sur un ordinateur, l’ordinateur peut – d’une certaine manière, et avec certaines limites – les IAG peuvent le produire pour nous…
IA Générative, (tentative de) définition
Ses particularités :
Dans l’entreprise, le baromètre réalisé par Talan sur l’IAG(1) et les Français le soulignent : « les jeunes générations (18-24 ans) indiquent à près de 70% utiliser les IA génératives (contre 45% en 2023, soit une progression de plus de 50% d’une année sur l’autre). Dans les collectivités, une étude(2)réalisée par un élève fonctionnaire montre que 13,5% des 2000 agents interrogés disent utiliser l’IA générative sur étagère dans leur travail. Ainsi, qu’on le veuille ou non, l’IAG est déjà présente dans le quotidien de travail de certains de nos agents publics, et il semble presque certain que ce phénomène va s’accentuer avec le temps.
Depuis 2017 l’Etat français a fait le choix d’une réelle mobilisation sur les questions d’Intelligence Artificielle et n’est pas resté passif face aux développements de ces nouvelles technologies. Dès 2017, l’exécutif a souhaité se doter d’une stratégie nationale pour l’intelligence artificielle, qui a conduit à la rédaction d’un certain nombre de rapports (voir ci-après) mais aussi à des actions concrètes, notamment au sein de l’Etat central.
Nous ne listons ici que – certains – des projets directement développés par l’administration pour l’administration.
L’IA s’impose également aux collectivités à travers les nouvelles solutions proposées par les entreprises privées ;
Il serait trop long de toutes les lister… mais chaque jour de nouvelles solutions « IA augmentées » sont proposées aux collectivités. Je sélectionne ici deux exemples qui montre à quel point certaines pratiques sont fortement impactées. L’outil Delib-IA propose aux collectivités des délibérations prérédigées dont la rédaction s’appuie sur une base de données recensant 1,8 millions de décisions déjà produites par des collectivités françaises en France… L’utilisation de cet outil a d’ailleurs été testé par plusieurs collectivités dans le cadre d’un projet porté par le Pole TES. Mais les Géants, s’adressent également aux collectivités G***le, pour ne pas le citer, développe d’ores et déjà avec des collectivités françaises : mise en place de Chatbot fondés sur leur données, génération de contenu, réalisation des CR des conseils municipaux (résumé et chapitrage…).
Thomas Cottinet, responsable de l’ECOLAB au sein du ministère de la transition écologique et Audrey Farrugia , Cheffe du service de l’expertise et de la modernisation – Ministère de la Justice, soulignaient dans leur intervention successives qu’ à condition d’être bien pensés et bien accompagnés les projets d’utilisation de l’IAG dans la fonction publique peuvent permettre de rendre un meilleur service à l’usager tout en offrant aux agents de meilleures conditions de vie au travail ; apportant ainsi de la satisfaction aux agents concernés.
Les usagers sont conscients à la fois du potentiel et des risques de ces nouvelles technologies pour les services publics.
Une enquête publiée par Acteurs Publics montre que 46% des français déclarent être au courant que l’IA est déjà utilisée par les administrations. 33% sont d’ailleurs préoccupés par ces utilisations
Pour tenir ces promesses, les défis restent nombreux ; il apparait indispensable que les collectivités se posent la question de l’impact de l’IA générative. La question peut paraitre légère et superficielle de prime abord, mais elle doit entraîner des réflexions de fond : pour identifier les processus touchés par ces méthodes, comprendre en quoi la relation usager peut être impactée ou améliorée, identifier les enjeux induits en matière de valorisation des données produites par les collectivités ET de protection des données personnelles, comprendre en quoi les métiers de certains agents publics seront inévitablement impactés par l’IAG (à ce titre la cartographie des métiers concernés par l’IA dans les collectivités mérite d’être consultée)…
Ainsi, quelles que soient les préjugés ou les appétences sur les questions liées à l’IA, il apparait indispensable que les DRH, les cadres dirigeants et bien sur les élus s’intéressent à ces questions. Qu’ils puissent connaitre ces nouveaux outils, afin de comprendre les questions qu’ils soulèvent. Et les intervenants de conclure lors du Grand Débat de la souveraineté numérique
Recommandation n°1 du rapport IA notre ambition pour la France publiée par le Comité National IA e en mars 2024 : Créer les conditions d’une appropriation collective de l’IA et de ses enjeux afin de définir collectivement les conditions dans lesquelles elle s’insère dans nos vies quotidiennes.
Convaincu par l’importance de cette sensibilisation, Politeia anime avec le CDG 74 pour les DRH et DGS de collectivités locales un cycle de 3 séquences dédié à l’impact de l’IAG dans les collectivités locales. Au programme :