Ahh, l’IA générative, ses promesses toujours plus nombreuses, ses détracteurs toujours plus virulents… Il semble que personne ne puisse échapper à sa diffusion tous azimut – et même si cette technologie est largement mobilisée par le secteur privé, le secteur public n’est pas en reste…

Politeia reste donc alerte sur le sujet en menant une veille active. La semaine dernière, nous avons glissé une oreille attentive au SIDO – salon qui réunit des professionnels de l’industrie et de la tech depuis 10 ans – pour écouter quelques conférences sur … l’IA générative (IAG) et confronter tout cela avec nos propres réflexions et observations sur l’IA dans les collectivités ! Voici les quelques réflexions que nous souhaitions vous partager.

 

Une IA générative, c’est quoi ?

o En se basant sur des modèles appris à partir de données existantes.

o A qui on peut s’adresser en « langage naturel »

 

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L’IA et les métiers du soin : une révolution pour mieux accompagner le vieillissement de la population ?

Au SIDO, les nouvelles technologies sont à l’honneur et nous promettent un monde meilleur, voire même le Meilleur des Mondes. Plusieurs intervenants nous ont expliqué comment l’IAG pourrait révolutionner l’aide à la personne et répondre en partie aux besoins croissants de soins dans un contexte d’allongement de l’espérance de vie. En effet, la part de la population âgée de 75 ans et plus devrait atteindre 10,8% en 2025 et dépasser 16% en 2050.1 L’accompagnement de ces personnes, qui sont plus sujettes à la solitude et à la dépendantes que le reste de la population représente un défi de taille pour les collectivités et acteurs publics qui pour partie gèrent des EHPAD, services de portages de repas, aides à domicile, etc.

Quelles solutions propose l’IA Générative (IAG) ?

Les professionnels du secteur identifient dans l’IAG des perspectives exceptionnelles pour « augmenter la productivité » des métiers du soin. Des leviers concrets ont été présentés comme déjà matures :

· Surveiller et détecter précocement certains troubles : grâce à des capteurs et des algorithmes de traitement de données, l’IAG peut surveiller – en continu, et à distance – les signes vitaux des patients à domicile et alerter en cas de problème, permettant ainsi une intervention rapide.

· Assister dans la vie quotidienne : des robots et assistants virtuels peuvent aider les personnes âgées ou malades dans leurs activités quotidiennes, comme la gestion des médicaments ou la planification des repas, favorisant ainsi leur autonomie.

· Renforcer les capacités de prise en charge des établissements de soin en confiant certaines tâches à des robots dotés d’IAG qui peuvent se mouvoir et interagir avec le personnel soignant de manière simple et naturelle.

Notre regard sur le sujet

La promesse de productivité répond, du moins en partie, aux enjeux rencontrés par les collectivités. Cependant, elle fait émerger des questions aussi éthiques que politiques dont les élus et cadres dirigeants doivent s’emparer : Souhaite-t-on déléguer le soin à des IAG au risque de se laisser séduire – sans prise de recul – par des solutions technocentrées qui in fine éloignent l’offre des collectivités de leur vocation première ? A l’inverse, peut-on réellement se passer de telles solutions ?

L’IA générative, une opportunité majeure pour faciliter la digitalisation ?

L’appropriation du numérique n’est pas toujours évidente pour les agents des collectivités. Devoir apprendre « dialoguer » avec la machine est souvent source de réticences mais l’IAG permet de dépasser certaines de ces inquiétudes puisque les interactions avec elle sont grandement simplifiées. Désormais, n’importe qui peut écrire une requête dans la langue de Molière, l’IA la comprend et répond : plus besoin de savoir coder ni de maitriser le dialecte parfois complexe de la machine !

Ainsi, l’intégration de fonctionnalités basées sur l’IAG dans les outils métier apparait comme un moyen de simplifier leur utilisation et donc de « franchir un cap » en matière de numérisation là où des entreprises, mais aussi des collectivités peuvent faire face à des résistances ou un manque de culture numérique et informatique de leurs équipes. La création d’un site internet constitue un exemple très parlant de l’encapacitation permise par l’IA . Auparavant, créer un site internet demandait une expertise pointue et plusieurs jours de travail. Désormais, des outils comme WordPress permettent de créer un site en moins de 5 minutes, et permettent même aujourd’hui d’ exprimer un besoin en langage courant sans avoir à coder en HTML !

Notre regard sur le sujet

Il est indispensable de rester attentifs à toutes ces nouvelles fonctionnalités pour comprendre ce que proposent les éditeurs actuels et les nouveaux entrants sur le marché. Cela suppose tout de même de garder un regard critique pour n’inscrire l’IAG que là où elle apporte une réelle plus-value aux agents (ce n’est pas toujours là qu’elle est proposée !) : pour faciliter des saisies fastidieuses et peu créatrices de valeur, apporter un premier niveau de réponse aux agents grâce à un chabot, apporter une aide à l’utilisation d’un outil… À l’inverse, est-ce utile que l’IAG propose systématiquement d’écrire nos mails, même lorsqu’il s’agit de remercier un collaborateur ? Cette réflexion sur la valeur ajoutée des différentes fonctionnalités de l’IA est l’une des conditions pour convaincre les agents que celles-ci peuvent véritablement leur faciliter la vie.

Comment donner toutes les chances aux collectivités de faire le meilleur usage possible de l’IAG ?

L’IAG est souvent comparée à une nouvelle révolution industrielle. Cette comparaison, peut-être un peu excessive mais avec les IAG, la digitalisation entre dans une nouvelle ère dont chacun peut tirer des bénéfices. Le sujet de l’IAG est pris à bras le corps par les grandes entreprises – souvent sous l’impulsion de leurs Directions de l’Innovation2 – mais aussi par l’Etat à travers de la DINUM et au sein des ministères (grâce à des équipes spécialisées comme l’Ecolab pour le ministère de la transition écologique) ce qui permet d’ores et déjà de déployer des solutions fondées sur l’IAG qui commencent à faire leur preuve. Cependant, cet engagement suppose des investissements conséquents et des compétences pointues ce qui pousse de nombreuses collectivités à se demander comment aborder le sujet de l’IA.

Pour répondre à cette question, l’approche choisie par … la Finlande nous semble inspirante !

Pour pousser une stratégie IA malgré des ressources financières limitées, le gouvernement a fait un choix audacieux. L’Etat a organisé un vaste plan de formation pour permettre au plus grand nombre de s’approprier les fondamentaux de l’IAG. Le parti pris est le suivant :

« Si nous voulons réussir avec l’IA, nous devons non seulement la développer, mais aussi trouver plusieurs manières de l’exploiter. Et cela n’est pas simplement du ressort des ingénieurs, c’est pourquoi il est très important que tout le monde puisse accéder au cours Elements of AI gratuitement. »

Cette stratégie a porté ses fruits puisque la formation a été classée n° 1 mondial par le portail de cours en ligne Class Central et Forbes et a remporté le grand prix Inclusive Innovation Challenge du MIT. De plus, depuis son lancement en 2017, les Finlandaises et les Finlandais ont démontré leur capacité à intégrer l’IA dans leur pratiques professionnelles et personnelles !

Notre regard sur le sujet

En tout état de cause, une collectivité, même de petite taille, qui prend le temps de former ses agents a toutes les chances d’être mature et alerte sur le sujet pour tirer profit des opportunités offertes par l’IAG et limiter la résistance ‘a priori’ de certains agents. Cela permet également de créer les conditions pour appréhender les risques et les opportunités qui se présentent. Le programme proposé par la Finlande est régulièrement actualisé et est désormais disponible pour tous dans différentes langues dont le français. Vous pouvez le retrouver ici !

Nous accompagnons les collectivités dans leur transformation et sommes particulièrement attentifs aux opportunités mais aussi aux risques induits par les IA Génératives. Nous avons notamment développé des modules de sensibilisation / formation et des ateliers d’appropriation. Si cette question vous intéresse, nous serions ravis d’en discuter avec vous !

Par Anne Louise Genouvrier & Léonie Vuillier